Quartier des crottes. Marseille.
Un matin, au détour d’une rue, une silhouette étrange, surprenante, surgit. Dans son fuseau bleu pétard, un skieur se fraie un passage au milieu du bitume. Il avance concentré, casque de ski sur le nez. Il file sur les routes ou les trottoirs comme s’il avait toujours été là. L’incongruité de la situation lui échappe, il trace la route, dévale le macadam.
Ses skis de fond raclent le sol dans un bruit de scotchbrit désagréable.
Quelques passants se retournent intrigués….

Cela fait longtemps qu’il n’a pas neigé à Marseille. Et peut-être que d’ici quelques années, quelques décennies, il ne neigera plus en France. Que ferons-nous alors de toutes ces combinaisons, et autre matériel de glisse ? Peut-être que ce personnage décalé est en train de réinventer un usage, de donner une fonction urbaine à sa paire de skis de fond?

Soudain, le skieur déboule au milieu d’un fourre-tout, d’un capharnaüm multicolore. Nous sommes aux puces. Il se balade au milieu des étals. Il est ici chez lui. Les piles de vêtements de récupération, meubles hors d’usage et autres matériels hi-fi hors d’âge…. Il connaît ! C’est là qu’il a trouvé sa combinaison un brin désuète et sa paire de ski surannée. Lui aussi est un objet de récupération, pas loin d’être hors d’usage. Mais il fait un dernier tour de piste, pour l’honneur et son petit coté bravache.