Pour son exposition Thésaurus de la chose ordinaire, Laurent Perbos a conçu une installation qui rassemble des sculptures et objets d'apparence familière, porteurs de contradictions et de paradoxes. Moulages de statues antiques, parpaings d'un doré étincelant ou encore blocs de cristal de taille démesurée, tous ces éléments jouent de leur forme, leur symbolique et leur matériau pour énoncer un état et le contredire simultanément.
L'humour teinté d'ambiguité est une composante essentielle de l'œuvre de Laurent Perbos depuis ses débuts. Son terrain de jubilation favori a longtemps été le sport, envisagé sous son aspect ludique, frôlant l'absurde, sans jamais se départir d'une joie affirmée avec force. Empruntant des objets manufacturés pour les déformer, ou utilisant des matériaux spécifiquement liés à une discipline sportive, Perbos a développé une pratique de sculpture dont l'une des sources les plus fécondes est celle des nouveaux réalistes (notamment Gérard Deschamps), soignant la forme, et déclinant un protocole conceptuel précis. Un ensemble de pièces récentes (Compositions, 2011) se proposait ainsi de reconstituer un vélo à partir des éléments concrets qui le composent, selon l'esthétique épurée de Mondrian. Perbos prenait ainsi à rebours le processus qui conduisit historiquement de la figuration à l'abstraction.
A partir de ses formes et matériaux de prédilection, Laurent Perbos a développé un langage plastique dont les éléments jalonnent son œuvre. Depuis quelques années, un nouveau souffle poétique alimente son travail. L'installation Oxymore présentée à la galerie paul frèches constitue une nouvelle étape dans ce processus de rapprochement de l'œuvre et du langage, sur fond de récit onirique. Après avoir fait pleurer des arbres, des oiseaux ou encore des statues antiques, Laurent Perbos se mue en alchimiste, transformant la substance et la valeur d'un ensemble d'objets amassés comme un trésor.
Plus loin, la chute des éléments évoque un épisode improbable, ponctué par le fracas de brisures de verre sous lequel reposent des néons de couleur qui énoncent le spectre de l'arc en ciel.
L'énigme prend un tour plus spectaculaire avec la statue Niobée. Celle-ci conjugue la référence à l'antique, assortie de couleurs vives évoquant la production industrielle. Il s'agit ici également des couleurs de l'arc en ciel, épelées comme les lettres d'un mot.
Ces trois nouvelles pièces mettent en œuvre un vocabulaire établi par l'artiste, organisé selon une logique qui lui est propre. Se jouant des hiérarchies et des catégories, les termes de cet index se retrouvent d'une sculpture à l'autre. Objets transformés selon une arithmétique fluctuante, ils scandent, avec un aplomb teinté d'ironie, un récit dont la trame demeure mystérieuse.
Exposition Thésaurus de la chose ordinaire, Galerie Paul Frèches, Paris, 2013 |